9e Monaco Energy Boat Challenge | 4-9 juillet 2022
Vendredi 8 juillet 2022. En ce troisième jour, les épreuves d’endurance et les records de vitesse ont fait le show en mer alors qu’à terre, un panel de spécialistes est venu distiller son savoir à l’occasion de la 3e édition de la Monaco Hydrogen Working Group Round Table intitulée « Déverrouiller les barrières de l’hydrogène dans le secteur maritime : règlementation portuaire & viabilité économique des projets » organisée avec la Mission pour la Transition Energétique Monaco, la Fondation Prince Albert II de Monaco et le Yacht Club de Monaco.
Aujourd’hui, c’était au tour de Pierre Casiraghi, vice-président du Y.C.M., navigateur émérite et fondateur de la team Malizia, de se rendre en famille au cœur du Village avant d’embarquer à bord d’un Vita Yacht « Il y a plus de 100 ans, les premières courses de bateaux à moteur ont eu lieu à Monaco. Je pense qu’il est important d’avoir un événement où la dernière génération de bateaux éco-responsables et les nouvelles propulsions peuvent être développées et testées. Grâce au Monaco Energy Boat Challenge, nous pouvons attirer l’attention sur ce sujet : des personnes du monde entier sont présentes pour comparer leurs performances avec celles d’autres équipes. Cela donne un coup de pouce à l’évolution du secteur mais apporte aussi des innovations qui pourront par la suite être commercialisées. »
Sobriété énergétique pour mot d’ordre
Une quinzaine d’intervenants sont venus évoquer l’état des lieux du secteur hydrogène, sa règlementation et son financement à l’occasion de cette 3e table ronde qui « allie acteurs privés et publics » note Annabelle Jaeger Seydoux, Directrice de la Mission pour la Transition Energétique Monaco, en ouverture du rendez-vous.
Le marché est un terrain qui reste encore à exploiter « Le transport maritime représente 2 à 3 % des émissions de CO2 dans le monde. Plusieurs voies sont envisagées pour résoudre la décarbonation du transport maritime » souligne Anne-Marie Perez, Directeur général du Pôle Capenergies. « Nous avons des solutions basées sur l’hydrogène avec plusieurs vecteurs : l’hydrogène gazeux, le e-méthane, le méthanol sous format liquide ou encore l’ammoniac (…). L’Europe a par ailleurs assoupli récemment les critères en matière de corrélation entre production d’électricité décarbonée et d’hydrogène. « Cela va donc plutôt dans le bon sens pour la production d’hydrogène décarboné puisque les projets vont se développer plus rapidement et plus facilement. Il faut en revanche améliorer la règlementation dans les ports qui n’est pas vraiment présente. »
Et en ce qui concerne le déploiement de projets H2, les échanges vont bon train dans la construction des business models.
« Monaco et ses agglomérations limitrophes font parties des destinations qui pourraient voir s’installer des stations hydrogène » concède Adrien Zanoto, Directeur général de l’infrastructure hydrogène chez Hype, qui a mis en place un modèle économique indolore pour le client final en prévoyant de déployer environ 10.000 taxis hydrogène sur le territoire français, en parallèle du développement d’un écosystème de stations d’avitaillement dans plusieurs régions.
Des pistes qui peuvent devenir concrètes au regard de la demande de plus en plus croissante. « 800 armateurs sont aujourd’hui en attente de passer à des solutions hydrogène. Ce qui limite la signature finale de la commande, c’est la capacité à s’approvisionner » précise Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev. L’enjeu de l’infrastructure est donc vraiment crucial. Afin que tout cela prenne sens, il faut qu’il y ait une infrastructure qui permette de développer cet écosystème, notamment en matière de livraison. « On avait proposé une station flottante, qui fait face à des problématiques réglementaires, et prochainement on va annoncer un cadre d’hydrogène qui va pouvoir stocker de l’hydrogène à près de 700 bar. Avec ce dispositif, on va pouvoir venir connecter nos générateurs et donc fabriquer de l’électricité et l’on pourra aussi recharger de la mobilité hydrogène » poursuit celui qui est également le président du jury de ce 9e Monaco Energy Boat Challenge.
Si les voyants semblent au vert, il n’en faut pas moins savoir raison garder « l’hydrogène, c’est quelque chose que l’on peut mettre à disposition aujourd’hui. Il y a beaucoup de technologies qui sont déjà existantes et sur le marché mais maintenant il faut passer à la phase d’industrialisation » renchérit Maud Augeai, Development Manager France, Lhyfe.
Connaitre la maturité du financement pour le déploiement de projets H2 est aussi élémentaire. Selon Ivan Pavlovic, Directeur Exécutif et spécialiste de la transition énergétique chez Natixis, les modèles d’affaires et de financement émergents diffèrent selon les projets territoriaux et mondiaux et les banques ont une lecture différente selon les projets. « L’hydrogène est considéré à juste titre comme un pilier de la transition énergétique mais cela reste encore un secteur encore largement en phase de maturation, en particulier à l’échelon régional. Aujourd’hui les enjeux sont doubles : il faut favoriser la diffusion des usages dans les premiers segments éligibles de l’économie mais aussi la baisse des coûts qui restent encore trop élevés. »
La deuxième partie, dédiée aux cas concrets et retours d’expérience a cependant pu mettre en évidence les avancées pratiques mises en place dans d’autres pays, comme pour la décarbonisation du port de Barcelone, présentée par Marc Rechter, CEO de Resilient Group, ou l’exemple norvégien. Ce pays scandinave est leader dans le soutien au développement des technologies, des solutions comme des écosystèmes hydrogène, grâce à une véritable politique de contribution financière portée par le gouvernement. Jan-Olaf Willums, parlant au nom de l’association Clean Marinetech qui regroupe des dizaines d’acteurs dans tous les secteurs du maritime, a insisté sur l’approche proposée: « Chez nous en Norvège, on travaille d’abord tous ensemble pour améliorer les solutions, les compétences, participer financièrement au développement des projets, souvent à 50-50 avec le gouvernement. La compétition ne vient qu’après… » Un exemple qui faisait clairement écho aux conclusions de la journée de conférence de la veille.
Intégralité de la 3e Table Ronde Hydrogène à retrouver sur : https://webtv.monacocapitalyachting.com/energy-boat-challenge/conference/
Ils ont joué les premiers rôles en mer
C’est sous les encouragements des équipes que chaque pilote s’est élancé sur le plan d’eau pour les épreuves reines du rendez-vous. Réuni sur la jetée Lucciana avec vue directe sur le parcours, le public a largement applaudi les prouesses réalisées sous ses yeux. Alors que les Solar et les Energy Class jouaient des coudes sur un tracé mouillé en baie monégasque dans le cadre d’une course d’endurance, les Open Sea ont fendu les flots sur un tracé de 16 milles nautique (Monaco-Vintimille-Monaco) à l’occasion d’un test de vitesse remporté par les Anglais de Vita Lion, suivis de Vita Seal puis Xshore.
Mais qu’importe le cadre, l’objectif était le même : ajuster l’autonomie de sa monture pour arriver à terminer…et en premier si possible. A ce jeu-là, les Italiens d’Uniboat, tenants du titre en Energy Class, ont raflé de justesse la mise avec 23 tours, juste devant les Dubaïotes de Sailing Tigers, puis les Français de Capgemini Engineering.
En Solar Class, les Néerlandais trustent le podium de cette course d’endurance avec une victoire sans discussion de Sunflare Solar Team (victorieux au classement général de la catégorie en 2021). Ils sont suivis de Solar Boat Twente puis Van Hall Larenstein.
Dernière ligne droite
Demain dernière tour de piste pour les 38 équipes et dernière occasion de présenter son projet pour les 36 exposants. Dès 10h00 Solar et Energy Class se retrouveront sur l’eau pour la course de slalom. Les bateaux seront chronométrés sur un parcours défini avant de s’élancer deux par deux. Objectif : déterminer celui qui est le plus manœuvrable et le plus rapide. Dans le même temps, les Open Sea réaliseront des tests d’endurance où ils navigueront le plus longtemps possible pour démontrer les capacités énergétiques des unités.
Dès 14h00 se déroulera au sein de la YCM Marina, la tant attendue Championship Race : deux par deux après un départ donné au pied du Yacht Club de Monaco, les concurrents (par classe), s’affronteront avec un ordre de passage qui aura été déterminé selon les résultats des courses qualificatives de jeudi. Suspense et belles bagarres en perspective !
Un peu plus tard dans la journée, l’ensemble des concurrents enfilera sa plus belle tenue pour assister à la remise des prix durant laquelle seront attribués cinq prix :
- Prix de l’innovation par Credit Suisse, pour l’inventivité et l’originalité la plus significative.
- Le Meilleur Tech Talk dans la transmission de la connaissance et un développement innovant.
- Le New Generation Prize qui récompensera l’équipe dont le projet est non seulement le plus réalisable mais qui apporte une nouveauté au marché.
- L’Eco-conception Prize destiné au projet dont l’impact écologique est pensé dans son ensemble.
- Le Communication Prize décerné par la Mairie de Monaco pour mettre en avant la meilleure stratégie de communication ayant valorisé un projet.
- Et enfin le Coup de Cœur de l’exhibition pour l’exposant dont le projet a retenu tous les suffrages du jury.
Un beau programme à ne surtout pas manquer. Dès 10h00, le Village et les Paddocks ouvriront de nouveau leurs portes avant le baisser de rideau final.
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