YC Monaco

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Anticiper aujourd’hui pour construire le yachting de demain

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En cette journée mondiale de la mer organisée par l’OMI sur le thème Notre océan, notre obligation, notre opportunité qui rappelle le rôle vital de l’Océan, le Yacht Club de Monaco (Y.C.M.) a réuni plus d’une centaine de capitaines de super-yachts et des experts internationaux à l’occasion de la 29e édition de son Captains’ Forum intitulée Leading today ahead of tomorrow. Créé en 2007 et organisé par le Captains’ Club du Y.C.M., le rendez-vous a rassemblé plus de 115 capitaines de super-yachts représentant collectivement une flotte d’une longueur totale de 4 973 mètres. À noter l’arrivée récente de 14 nouveaux membres au sein de ce club, illustrant ainsi son dynamisme et son attractivité.

 

Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M. et Président du Cluster « Yachting Monaco », a tenu à rappeler la mission du Club : anticiper les grands défis du yachting et rassembler une communauté engagée. « C’est un secteur qui continue à progresser. Nous avons relancé de nombreux processus en faveur de l’éco-responsabilité dans le yachting. Le Y.C.M. est une plateforme dédiée à cela et je suis très heureux de constater que nous sommes nombreux à nous mobiliser. »

Une édition marquée par la vision et l’anticipation

Dans un secteur en pleine mutation, le Captains’ Forum a réaffirmé le rôle essentiel des capitaines en tant que piliers de l’évolution du yachting, à la fois sur le plan humain et environnemental. Deux sessions, baptisées « Aller au-delà de la conformité : le pouvoir du développement professionnel continu », puis « Stratégies écologiques pour augmenter la valeur des yachts : donner aux capitaines les moyens de garder une longueur d’avance sur la flotte – SEA Index », ont rythmé les échanges.

Former, anticiper, innover : trois leviers pour préparer l’avenir

Sous la modération de Steve Monk (Directeur – Da Gama Maritime), ancien navigateur de la Royal Navy ayant passé plus de vingt ans à bord du HMS Ark Royal et possédant une vaste expérience dans la formation des équipes de passerelle de l’OTAN, le premier panel a exploré la question du développement professionnel continu. Les intervenants se sont accordés sur un point : la formation obligatoire fixée par la STCW (Standards of Training, Certification and Watchkeeping for Seafarers) n’est qu’un socle minimal, qui doit être complété face aux réalités du terrain et aux attentes des armateurs.

 

Pour Chris Andreason (Directeur de gestion des yachts – Edmiston) la formation continue doit être perçue comme un investissement stratégique et non une contrainte. Il a souligné que l’apprentissage continu réduit les accidents, améliore la fidélisation des équipages et renforce la réputation du secteur. Les intervenants ont également insisté sur l’importance de développer une culture d’apprentissage à bord, où chaque membre d’équipage est encouragé à partager ses compétences et à s’adapter à de nouvelles situations.

 

Selon Tracey Santrian (Co-fondateur et consultante senior – BZ Maritime Leadership), la formation continue est avant tout une question de professionnalisme. Elle fixe des standards, garantit l’actualisation des compétences et pousse à se projeter dans l’avenir.

 

Lynne Edwards (Armateur et formateur principal Phoenix Superyacht Training) a quant à elle mis en lumière l’importance de la formation pour les équipages qui ne bénéficient d’aucune obligation réglementaire alors qu’ils sont en première ligne auprès des propriétaires et des invités. Elle a souligné que l’évolution des standards d’hospitalité impose de renforcer la sensibilisation et d’investir dans le développement professionnel de ces équipes souvent invisibles.

 

Chris Frisby (Directeur de la formation et des opérations – UKSA) est revenu sur l’importance de combler les lacunes en matière de compétences et de créer des parcours professionnels pour les générations futures. Il a témoigné du rôle décisif joué par les mentors et formateurs dans sa propre carrière et a insisté sur la nécessité de structurer des parcours clairs pour les jeunes générations, afin de soutenir l’émergence des officiers et capitaines de demain.

 

Enfin, James Brooke (Formateur RYA – La Belle Classe Academy, le centre de formation du Y.C.M.) a rappelé que la sécurité figure en tête des priorités : « Au cœur de la performance, il y a formation. » S’appuyant sur son expérience en tant que commando des Royal Marines et membre d’équipage de la RNLI, il a souligné l’importance de se préparer à l’imprévu.

 

Le débat a pris une tournure plus directe avec l’intervention d’un capitaine expérimenté, qui a dénoncé les obstacles rencontrés au quotidien. « Le capitaine doit traiter en direct avec les propriétaires, ce qui n’est pas toujours facile… Vous devez former l’armateur à accepter que l’équipage puisse se former, que l’équipage puisse avoir le temps nécessaire pour suivre une formation. […] Il est temps que vous respectiez les règles de l’équipage à bord » Ses propos, très applaudis, ont mis en évidence que la formation n’est pas seulement une affaire technique, mais aussi une question de culture et de gouvernance dans le yachting. Le développement professionnel continu n’est pas une option. Il existe des solutions pour contourner les contraintes (formations en ligne, entraînements embarqués, partenariats avec des centres d’excellence) mais il faut une volonté collective. Former, c’est avant tout protéger : les équipages, les navires, et la réputation même de cette industrie.

En conclusion, Steve Monk a résumé l’esprit du panel : « Nous avons besoin de vous pour mieux comprendre vos problèmes, afin de bâtir ensemble des solutions concrètes. L’une des pistes, c’est de développer de véritables centres d’excellence – ici au Yacht Club de Monaco, mais aussi dans d’autres marinas – où l’on pourra organiser des formations continues et sensibiliser ceux qui sont plus haut dans la chaîne de décision. Les propriétaires doivent prendre conscience des réalités du métier, et les brokers arrêter de vendre une image idéalisée. Il faut un véritable retour au réel : nous pouvons faire notre travail, l’exercer en toute sécurité, et permettre aux équipages de rentrer chez eux sans être totalement épuisés. »

Cap sur la durabilité

Le second temps fort, modéré par Neity Maddock (Spécialiste en promotion des investissements et délégations commerciales), a porté sur la valeur ajoutée des stratégies écologiques. Txema Rubio (Directeur Commercial – MB92) a ouvert les échanges en soulignant l’urgence d’anticiper une réglementation qui pourrait frapper la flotte de plein fouet. Il a rappelé que la valeur d’un yacht ne saurait se réduire à une comparaison de prix, « nous devons donc commencer à nous préparer de manière proactive » a-t-il expliqué.

Nicolas Mior (Head of Jutheau Husson Yachting) a confirmé cette tendance côté assureurs : les primes commencent à intégrer les performances environnementales. « Les navires faiblement émetteurs bénéficient d’un bonus, tandis que les plus polluants voient leurs primes augmenter », a-t-il expliqué, soulignant que certains souscripteurs utilisent déjà le SEA Index® comme outil d’évaluation. Créé par le Yacht Club de Monaco et Credit Suisse (une marque du groupe UBS) en 2020, le SEA Index® a pour ambition de guider les propriétaires vers des choix plus responsables en devenant la référence pour mesurer et réduire l’empreinte environnementale des super-yachts.

Sur le terrain, Capitaine Pierre Makdessi a mis en garde contre une certaine précipitation : « Trop d’accidents surviennent parce que la qualification est parfois obtenue trop vite. La formation reste le facteur clé. » Il a aussi partagé son expérience personnelle avec le SEA Index® et un projet de yacht innovant, démontrant qu’il est possible de réduire la consommation grâce à des matériaux plus légers et des technologies de propulsion optimisées.

 

Eleonora Pitasso (représentant armateur, Bijin Yachting Ltd) a, quant à elle, élargi le débat en rappelant que la durabilité ne se limite pas aux moteurs : « C’est l’utilisation des matériaux, l’isolation, l’insonorisation. Tous ces matériaux peuvent être remplacés pour être plus durables. Nous ne nous concentrons donc pas uniquement sur la propulsion, ce qui, à mon avis, est un peu le parti pris de l’industrie. »

 

Enfin, Richard McKee, représentant l’armateur Matthew Sawyer, a souligné : « Ce que j’apprécie particulièrement, c’est que SEA Index a suggéré toutes les améliorations à réaliser de manière très simple et claire. »

Tous se sont accordés sur un point : la durabilité est désormais un facteur de valeur patrimoniale pour un yacht, au même titre que sa taille ou son pedigree. Le panel s’est conclu sur un constat partagé : il faut agir dès maintenant, planifier les améliorations au fil des cycles de refit, et utiliser des outils comme le SEA Index® pour rendre cette transition lisible et crédible aux yeux du marché.                                                                                              

Les débats se poursuivront le 14 octobre à l’occasion d’un workshop organisé par le SEA Index®.

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