Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer) : défis relevés

Boris Herrmann, membre du Yacht Club de Monaco, a franchi mercredi 29 janvier à 23h18 la ligne d’arrivée du 10e Vendée Globe à bord de Malizia-Seaexplorer. Après un parcours maîtrisé sans encombre durant les trois quarts de la course, le skipper a dû affronter une série d’épreuves dans les derniers milles : rupture de hook, collision avec un OANI (Objet ou Animal Non Identifié) et conditions météorologiques dantesques à l’approche des côtes vendéennes.

Il coupe la ligne d’arrivée à la 12ᵉ place et boucle son périple en 80 jours, 10 heures, 16 minutes et 41 secondes.

« Boris a fait preuve d’une résilience exceptionnelle tout au long de ce parcours, notamment dans la dernière ligne droite. Il a surmonté avec courage et détermination les défis techniques et logistiques, particulièrement à partir de l’équateur. Terminer un Vendée Globe est déjà un exploit en soi, mais dans de telles conditions, c’est d’autant plus remarquable » commente Pierre Casiraghi, vice-président du Yacht Club de Monaco et fondateur de la Team Malizia, venu à la rencontre du marin à son arrivée. Pour l’occasion, son ami lui a réservé une belle surprise en étant accompagné de Jimmy Spithill, double vainqueur de la Coupe de l’America et skipper de Luna Rossa Prada Pirelli, que Boris avait suivi lors de la dernière édition avec passion.

Une édition plus exigeante et plus dense

« Terminer un Vendée Globe est toujours quelque chose d’unique » a déclaré à son arrivée Boris, visiblement soulagé de passer la ligne d’arrivée. Cette édition 2024-2025 a en effet été marquée par des conditions météorologiques difficiles et un peloton de concurrents particulièrement relevé. Contrairement au précédent cru, où la concurrence semblait moins homogène, Boris a affronté un nombre important de skippers de haut niveau. Ils étaient en effet nombreux à avoir animé la course.

« Le niveau de l’ensemble de la flotte a également progressé. Tout est monté d’un cran en l’espace de quatre ans ». Si dans le groupe de tête, l’épreuve avait des airs de Solitaire du Figaro, dans le peloton aussi le rythme était soutenu.

« Boris nous a fait vibrer du début à la fin de ce Vendée Globe. Nous l’avons suivi avec attention, en organisant chaque mercredi des rendez-vous qui permettaient à nos membres et aux jeunes de la Section Sportive de suivre en temps réel l’évolution de la course, d’analyser sa stratégie et même d’échanger avec lui, lorsque les conditions le permettaient. C’était une belle occasion de vivre cette aventure de près », ajoute Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M.

 

Boris Herrmann : un défi personnel surmonté

L’une des grandes réussites du skipper a été sa bonne gestion de ses deux principaux défis personnels : la peur du vide (lors des ascensions en haut de mât) et la solitude, deux éléments qui l’avaient fortement marqué lors de sa première participation. Cette fois-ci, il a réussi à maîtriser ses appréhensions, en grande partie grâce à son bateau sur mesure, Malizia-Seaexplorer, et les améliorations qu’il y a apportées. Ces ajustements techniques lui ont permis de naviguer avec plus de sérénité, et de mieux aborder les moments les plus difficiles de la course. « Ce qui est beau dans le Vendée Globe, c’est de trouver de nouvelles ressources intérieures. En se confrontant à des défis complexes, on découvre des choses surprenantes. »

Malizia-Seaexplorer : un bateau performant

Bien que les conditions météorologiques n’aient pas été les mêmes que lors de la précédente édition, et que le design du bateau n’ait pas toujours été un facteur déterminant, Malizia-Seaexplorer a joué un rôle clé dans la gestion des phases les plus exigeantes. Ce bateau, conçu pour naviguer à grande vitesse, a offert à Boris une grande stabilité, ce qui lui a permis de rester compétitif tout au long de la course et de naviguer au contact d’autres skippers de renom comme Justine Mettraux, Sam Davies ou encore Paul Meilhat.

 

Les temps forts de la course

De nombreux moments clés ont jonché le tracé du navigateur allemand et notamment des défis techniques qui auraient pu mettre en jeu ses chances de terminer la course. La gestion des conditions extrêmes de l’océan Austral, la traversée tumultueuse de l’océan Indien, ainsi que de nombreuses réparations techniques réalisées dans des contextes difficiles, n’ont en rien ébranlé la niaque du skipper. À l’occasion de ce deuxième tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, le marin a enregistré un nouveau passage du cap Horn : le septième de sa carrière ! Une étape emblématique vécue en mode « régate » pour le skipper qui l’a franchi avec une avance de seulement 31 secondes sur Paul Meilhat (Biotherm). La compétition féroce, couplée à des conditions météo imprévisibles, a joué avec les nerfs des concurrents qui ont dû composer avec les scénarios au fil des milles. Ses espoirs de rentrer dans le top 5 se sont envolés après sa collision avec un OANI le 16 janvier dernier. Il n’a toutefois pas baissé les bras pour autant : « Cela démontre bien que rien n’est terminé avant la ligne d’arrivée ! » disait-il.

 

À l’écoute des océans

Au fil de son parcours, Boris avait pour double mission de mener sa monture à bon port, mais aussi de collecter des données essentielles dans des zones difficiles d’accès, contribuant ainsi à enrichir la communauté scientifique. L’aspect environnemental est devenu une priorité, tant pour les organisateurs que pour les skippers. Dans cette optique, Boris avait embarqué à bord l’OceanPack, un dispositif permettant de prélever des échantillons d’eau pour mesurer des paramètres tels que la salinité, la température, l’oxygène et le taux de CO2, ainsi qu’une bouée météo de 20 kg, qui mesure la pression atmosphérique, la température et les courants de surface. Cet engagement en faveur de l’environnement s’inscrit dans le cadre du fonds de dotation du Vendée Globe, dont S.A.S. le Prince Albert II est cette année le président d’honneur.

Après 80 jours en mer et 29 201 milles nautiques parcourus à une vitesse moyenne de 15,13 nœuds, Boris a bravé la tempête Herminia, affrontant des rafales dépassant les 65 nœuds et des vagues de 8 à 10 mètres. C’est avec une grande émotion qu’il a retrouvé son épouse Birte, sa fille et toute la Team Malizia. Désormais, une autre aventure l’attend : la Herrmann Mania, qui fait vibrer l’Allemagne, passionnée par son skipper.