Après quatre reports consécutifs en raison d’une forte brume qui ne permettait pas au Comité de Course de voir la zone de départ, les 33 marins engagés dans cette 9e édition du Vendée Globe, ont quitté les Sables-d’Olonne. Devant leurs étraves, un tour du monde par les trois caps de 24.296 milles nautiques, en solitaire, sans escale et sans assistance.
Une aventure à laquelle a pris part Seaexplorer-Yacht Club de Monaco, l’IMOCA 60 qui représente officiellement la Principauté de Monaco. Ce voilier monocoque (18,28 m), équipé de foils de dernière génération, est barré par Boris Herrmann, premier skipper allemand, à s’élancer dans ce marathon de légende.
« Souvent qualifié d’Everest des mers, il s’agit d’un défi de l’extrême, dans sa plus pure simplicité : l’audace des marins qui se battent seuls contre les éléments et qui vont au bout de leurs rêves, à force de courage et d’abnégation. Autre fierté, la démarche environnementale menée sur ce projet, en lien avec ma Fondation, par Pierre Casiraghi, vice-président du Y.C.M. et notre skipper Boris Herrmann qui ont notamment muni Seaexplorer-Yacht Club de Monaco d’un laboratoire océanique pour permettre aux chercheurs de mesurer et d’enregistrer différents paramètres scientifiques des océans. Tous nos vœux de succès accompagnent Boris que nous suivrons avec enthousiasme et passion tout au long de cette course mythique » a déclaré S.A.S. le Prince Albert II, sportif accompli et président du Yacht Club de Monaco, Qui avait donné le coup d’envoi de la précédente édition de 2016-2017 dont Il était le parrain.
Un projet qui a été initié par Pierre Casiraghi : « Il s’agit de la concrétisation de tant d‘années de travail ! Nous l’avions en point de mire depuis longtemps. C’est très excitant. Je suis de tout cœur avec Boris et resterai en contact régulier avec le bateau. Tout le pays va être derrière lui. Cela participe au rayonnement de la Principauté à travers le sport ».
Samedi, veille du départ, S.A.S. le Prince Albert II et Pierre Casiraghi, ont tous deux, dans le respect des règles de confinement, participé à une conférence en ligne, pour échanger une dernière fois, avant le départ, avec Boris, en présence d’une cinquantaine de supporters du Team Malizia, famille et amis dont Greta Thunberg et Alex Thomson, grand favori de la course.
Le Prince Souverain et Pierre avaient tenu au préalable à adresser à leur skipper un message surprise d’encouragement.
Une course solide pour objectif
Ce matin, les quais traditionnellement noirs de monde ont fait place à un silence presque assourdissant, mais l’émotion n’en était que plus palpable, quand les skippers ont rejoint un à un leur bateau, comme des gladiateurs entrant dans l’arène. La situation sanitaire s’est invitée dans cette 9e édition du Vendée Globe, changeant drastiquement l’ambiance du départ. Pas de quoi entamer l’enthousiasme de Boris Herrmann, 39 ans, qui vient de réaliser son rêve « depuis mes 16 ans je pense au Vendée Globe ». Le navigateur possède un sérieux palmarès et a déjà fréquenté les mers du sud, ayant déjà effectué trois fois le tour du monde. Face à lui, les concurrents sont à l’image de l’épreuve : coriaces. Tous caressent le même désir de la terminer. Car le Vendée a cette faculté qui lui est propre ; il multiplie les obstacles. Le parcours est en effet semé d’embûches, sur trois océans (Atlantique, Indien, Pacifique), avec trois caps comme marques de passage (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn), une zone de glaces interdite, une zone de fortes perturbations météorologiques à franchir deux fois (le Pot au Noir)…
Avec 33 marins de neuf nationalités dont six femmes, le rendez-vous n’a jamais connu autant de participants. « Lors des huit dernières éditions, seuls 67 skippers ont terminé la course sur les 116 engagés. C’est une épreuve hors norme et tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout reste à écrire » note humblement Boris.
« Je garde en tête le record détenu par Armel Le Cléac’h lors de l’édition 2016-2017 qui a bouclé ce tour du monde en 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes. J’ai de la nourriture pour 80 jours et je peux l’étalonner sur 100 jours sans faire de sacrifice. »
Si terminer la course est l’objectif premier, arriver dans l’une des 10 premières places est également de mise « sur le papier c’est réalisable. Les nombreux entraînements réalisés aux côtés des concurrents démontrent que le bateau peut tenir la cadence. Nous avons parcouru le plus de milles (55.000 milles nautiques, l’équivalent de 9 transats) » conclut le skipper qui a été conseillé jusqu’à la phase de départ par Jean-Yves Bernot et Marcel Van Triest, deux des meilleurs routeurs au monde.
Une vocation environnementale
Amoureux de la mer et de son environnement, Boris Herrmann est également membre de la Commission Océanique Intergouvernementale de l’UNESCO. A ce titre, son bateau reflète son engagement : équipé de panneaux solaires et de générateurs hydroélectriques afin de ne pas utiliser de combustibles fossiles. A bord, il embarque un laboratoire automatisé. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il récoltera des données océanographiques afin de les transmettre aux scientifiques des programmes de l’Institut Max-Planck de météorologie à Hambourg, de Géomar à Kiel et de l’Ifremer à Brest. « La vitesse du vent, la gîte du bateau, la température de l’air et de l’eau ou encore la salinité, le PH et le CO2 contenu dans l’océan seront autant de valeurs qui seront visibles en direct sur les sites internet du Y.C.M. et du team Malizia ».
Le nom Seaexplorer fait référence à l’initiative menée par Kuehne + Nagel, qui a créé une plateforme numérique pour mesurer l’impact des émissions de CO2 dans le secteur du fret maritime afin de permettre à ses clients de faire des choix plus écologiques en matière de transport. Un objectif de réduction des émissions qui rassemble tous les amoureux de la mer et mobilise également les acteurs de la grande plaisance, sous l’impulsion du Yacht Club de Monaco, avec la création du Superyacht Eco Association (SEA) Index, un référentiel pour mesurer l’impact environnemental des yachts de plus de 40 mètres.
Le Y.C.M. au rythme du Vendée Globe
Les jeunes régatiers et les membres du Yacht Club de Monaco vont pouvoir vivre au rythme du Vendée Globe ces prochaines semaines avec un rendez-vous hebdomadaire organisé tous les mercredis en fin d’après-midi. L’opportunité de comprendre les phénomènes météorologiques qui jonchent le parcours, décrypter la vie et l’organisation à bord d’un IMOCA, analyser les différentes stratégies (…). Des thématiques qui seront complétées par des prises de parole de nombreux intervenants spécialisés dans leur domaine, à l’instar des navigateurs Gilles Chiorri, Philippe Monnet…
Le Vendée Globe se vivra également en ligne, à travers Virtual Regatta, course virtuelle à laquelle de nombreux membres du Y.C.M. et des jeunes de la Section Sportive participeront aux côtés des 120 000 inscrits dont de grands noms de la voile tel que Loïc Peyron.
« Dans le contexte international actuel, plus que jamais il est important de faire rêver nos jeunes et susciter des vocations » conclut Pierre Casiraghi.
Alors que c’est Louis Burton (Bureau Vallée) qui a coupé le premier la ligne de départ quelques secondes trop tôt, se voyant infliger cinq heures de pénalité, Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco) est très vite entré dans le trio de tête aux côtés de Thomas Ruyant (LinkedOut) et Maxime Sorel (V and B – Mayenne), naviguant à une vitesse d’une quinzaine de nœuds sous gennaker. Les concurrents vont maintenant s’attaquer au Golfe de Gascogne jusqu’au Cap Finisterre, passage délicat de la descente de l’Atlantique qui s’annonce compliquée à négocier, en raison de forts vents attendus cette nuit, avec des creux de 5 à 6 mètres. Une première étape qui donnera le tempo de ce début de course et mettra en lumière les choix tactiques de chacun.
Pour suivre la course : www.ycm.org ou https://team-malizia.com/
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