9e Monaco Energy Boat Challenge | 4-9 juillet 2022

 

Jeudi 7 juillet 2022. Les 38 équipes en lice à ce 9e Monaco Energy Boat Challenge viennent de conclure leurs premières épreuves en mer alors qu’à terre se sont succédé des prises de parole à l’occasion de la journée de conférence intitulée « Nouvelles Énergies dans le Yachting : Opportunités et Limites ». Ce jeudi a également permis aux jeunes ingénieurs en lice de rencontrer des professionnels du secteur à l’occasion d’un Job Forum, rendez-vous organisé sous forme de rencontres informelles entre talents de demain et acteurs de l’industrie.

Aujourd’hui, l’intégralité des participants, qu’ils soient ingénieurs, exposants ou acteurs de l’industrie sont donc entrés dans le vif du sujet au lendemain d’une cérémonie d’ouverture en grandes pompes organisée sur le dernier pont du Yacht Club de Monaco, un navire qui a définitivement mis le cap sur un avenir éco-responsable. C’est d’ailleurs son Président, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco qui a tenu ce jeudi à visiter les Paddocks et le Village de cet évènement qu’il connaît bien et qu’il soutient depuis sa création en 2014. « Un siècle après les premiers meetings de canots automobiles, on poursuit l’aventure » note Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M. « On entretient notre longue tradition d’innovations. La marque ombrelle collective « Monaco, Capital of Advanced Yachting » est donc la volonté de rester précurseur dans ce domaine et d’accompagner l’industrie dans sa mutation. »

 

 

Nouvelles énergies dans le Yachting

Ce sont les problématiques des énergies renouvelables et alternatives qui ont ouvert les débats de la journée de conférence, couvrant un large spectre allant de la propulsion vélique aux batteries en passant par l’hydrogène très à la mode et le solaire — avec un axe très Recherche & Développement, pour faire le point de l’évolution de ces technologies et envisager leurs promesses d’avenir. Des systèmes qui, à l’image des processeurs des ordinateurs, sont devenus plus petits, plus puissants, plus efficients et plus abordables. Avec un marché devenu de plus en plus compétitif, certains défis sont néanmoins encore à relever. « La question de la rapidité de rechargement est évidement un facteur de taille » précise Rory Trahair, CEO de Vita, « les batteries restent lourdes et chères » poursuit-il.

 

D’autres solutions de carburant alternatif telles que l’hydrogène et l’hydrogène vert ont aussi occupé les échanges. « Du côté de l’hydrogène en application maritime, même si le stockage reste une clé et que les progrès sont nombreux, ce n’est pas la maîtrise de la technologie qui fait défaut, mais l’absence d’infrastructures d’avitaillement et des réglementations qui souvent restent à écrire, sans compter que le maritime n’est souvent pas considéré comme un enjeu majeur, contrairement à l’automobile » continue Christine Funck, CEO de Aquon Yachts. Une véritable mise en jambe avant la 3e Monaco Hydrogen Working Group Round Table qui se tiendra demain vendredi 8 juillet. Intitulée « Déverrouiller les barrières de l’hydrogène dans le secteur maritime : règlementation portuaire & viabilité économique des projets », celle-ci est organisée en collaboration avec la Mission pour la Transition Energétique Monaco, la Fondation Prince Albert II de Monaco et le Yacht Club de Monaco.

 

Parler de nouvelles énergies est une chose, la produire à bord en est une autre. Sujet pour le moins passionnant passé en revue par les panélistes conviés au débat. Après un rapide aperçu technique sur le fonctionnement des systèmes de production d’électricité solaire, le ratio surface/rendement et la validité économique tout autant qu’écologique de cette alternative (…), les intervenants ont eu loisir d’évoquer les différents défis relatifs à l’implémentation de ces solutions à bord de yachts, y compris quand on parle de technologie vélique. Le sentiment qui prédomine est que la difficulté n’est pas tant technologique que liée à l’intégration de telles options dans des unités déjà complexes. L’importance d’une conception qui prenne en compte ces solutions et leur combinaison dans l’ingénierie, mais aussi dans leur mise en place, reste un point crucial, et forcément encore coûteux. Alors même que l’utilisation de ces systèmes est de plus en plus simplifiée pour être plus facilement adoptée par les armateurs et les capitaines.

 

 

Au-delà des nombreux échanges, ce temps fort du Monaco Energy Boat Challenge a surtout permis d’envisager la plaisance comme un vaste champ d’expérimentation d’où naît des avancées qui contribuent à la métamorphose du secteur. Les architectes navals mais aussi les chantiers ont pu aborder de quelle manière ils repensent l’industrie en prenant en considération cette forte composante environnementale, se voulant moteurs de l’innovation, que ce soit pour être en mesure de répondre à la demande croissante que pour anticiper les évolutions futures et être force de proposition — même lorsque la réalité du passage de la R&D à une solution pratique et certifiée peut prendre des années. Il n’y a d’ailleurs pas eu de débat, chacun admettant que tous les secteurs de fonctionnement d’un navire sont concernés. Simon Brealey, de Lateral Engineering, a ainsi fait remarquer que la situation évolue très vite aujourd’hui, grâce en particulier aux remontées de données disponibles, dont l’analyse permet d’optimiser la consommation d’énergie — ce que n’a pas manqué de mettre en évidence Derek Munro, Chef de Projet, évoquant le voilier Black Pearl construit par Oceanco. Grâce aussi des armateurs de plus en plus à l’écoute et conscients que chaque initiative compte.

 

C’est à l’aventurier Mike Horn qu’il est revenu de conclure les débats « Il faut arrêter de comparer les solutions et chercher à savoir laquelle est la meilleure avant de prendre, ou pas, une décision. Elles sont toutes bonnes, du moment qu’elles nous permettent d’atteindre les objectifs impérieux de lutte contre le changement climatique. Et pour y arriver, il n’y a pas d’autre option que de faire ce travail tous ensemble. Il est trop facile de tergiverser, de chercher des excuses, alors que c’est la somme de ces petites choses que nous ne faisons qui nous font courir à la catastrophe. Et le yachting, ses chantiers et ses armateurs qui en ont les moyens, ont une formidable opportunité de montrer le chemin » a conclu l’explorateur qui a lancé INOCEL, une entreprise qui fournit des solutions complètes de la chaîne énergétique avec des piles à combustible innovantes et à basse température pour soutenir les industriels et aider à décarboniser notre planète.

 

Intégralité des conférences à retrouver sur : https://webtv.monacocapitalyachting.com/energy-boat-challenge/conference/

 

Après la démonstration, place à la confrontation

Trois catégories sont de nouveau en lice pour cette 9e édition. Toutes se sont retrouvées à l’occasion de la traditionnelle parade avant de s’échauffer sur leurs épreuves respectives. Cet après-midi a ainsi servi de galop d’essai pour les compétiteurs de la Solar et de l’Energy Class qui se sont élancés dans des tours de qualifications pendant 20 minutes sur un tracé assez rapide de 0,5 mille nautique. Objectif : obtenir le meilleur temps possible pour décrocher la meilleure position à la Championship Race organisée samedi 9 juillet.

Chez les Solar Class, 14 équipes sont au départ, alors qu’elles sont 16 en Energy Class, catégorie qui met en avant des prototypes dont les coques sont fournies par le Y.C.M. et où les concurrents doivent sélectionner une solution énergétique sans émission à l’usage. L’objectif étant d’opter pour un système de propulsion le plus performant et le plus endurant en utilisant une quantité d’énergie prédéterminée à savoir 10 kWh sur cette édition. Dans cette classe, l’on retrouve les Italiens de Uniboat représentant l’Université de Bologne, tenants du titre : « Appelé Futura, notre bateau est alimenté par trois sources d’énergie : l’énergie solaire, les batteries et l’hydrogène » explique Leonardo Mengozzi. « Notre catamaran », explique Marylin Gilbert, « est doté d’un système de propulsion hybride : deux batteries au lithium qui sont rechargées au départ de la course, puis rechargées via une pile à combustible à hydrogène. Il y a ensuite cinq panneaux solaires qui alimentent deux moteurs électriques et deux hélices imprimées en 3D. »

Simultanément, les concurrents d’Open Sea, anciennement appelé offshore class, ont fait monter la pression au sein de la YCM Marina à l’occasion des épreuves de manœuvrabilité. Un temps fort incontournable pour ces unités déjà sur le marché ou sur le point d’y rentrer.

 

 

Echanges sans frontière

Pour conclure une journée pour le moins captivante, certaines des équipes se sont soumises à l’épreuve des tech talks. Mis en place tous les jours à 17h00, ces moments favorisent les échanges d’information en Open Source où les teams en compétition ont l’occasion de présenter au public et devant un jury international leur projet. Pour compléter un programme déjà dense, les organisateurs ont élaboré une nouvelle session de Job Forum. Initiée en 2019, l’initiative permet de répondre au besoin croissant de l’industrie du yachting en quête de talents d’ingénierie hautement spécialisées pour développer de nouveaux concepts et idées. Chantier naval ou entreprise spécialisée dans les systèmes de propulsion à énergie électrique ou hybride sont parmi les sociétés qui, pour cette édition 2022, ouvrent leurs portes à la nouvelle génération.

 

L’œil de l’expert

Comme chaque année, un jury d’experts scrute les unités. Après neuf années d’existence, il est certain que le plateau a considérablement évolué comme en témoigne Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev et président du jury « au début il n’y avait que des bateaux à énergie solaire dans la course mais nous avons ajouté la catégorie Energy Class, dans laquelle concourent des bateaux alimentés par divers systèmes de propulsion, de l’hydrogène aux batteries, mais aussi de nouvelles idées comme l’air comprimé et l’énergie cinétique. » A ses côtés, huit autres spécialistes apportent leur regard sur  la qualité et la fiabilité des projets : Florestan Fillon de la Fondation Prince Albert II ; Marco Casiraghi, à l’initiative du Monaco Energy Boat Challenge ; Kaitan Borer du Cabinet Espen Oeino Int. ; Alex Caizergues, quadruple champion du monde en kitesurf et co-fondateur de Syroco, un laboratoire d’innovation œuvrant à la transition énergétique du transport maritime ; Mauro Ricci, fondateur d’INOCEL, spécialiste de la pile à combustible de haute puissance ; Thomas Battaglione, CEO de le SMEG ; Gilles Vernhet à la tête du département conception des yachts chez OCEANCO ou encore Barbara Amerio de chez Permare Amer Yachts.

Rendez-vous dès demain pour une nouvelle journée d’épreuves, de tests, de surprises et d’échanges dans ce Monaco Energy Boat Challenge.