Spring Pop Up | Cluster Yachting Monaco

 

Mardi 3 mai 2022. Programme chargé pour le Spring Pop Up du Cluster « Yachting Monaco », évènement qui conjugue exhibition (au sein de la YCM Marina) de 15 yachts destinés à la vente ou aux charter et ateliers de travail pour les professionnels du secteur. Ce rendez-vous leur offre la possibilité d’échanger tout en poursuivant les actions initiées par le Cluster Yachting Monaco et qui permettent de hisser la Principauté au rang de « Capital of Advanced Yachting ».

Quel est l’impact réel de la situation international sur les chiffres du marché 2022, comment aborder l’après-Covid et analyse de certains projets en cours étaient au cœur de cette 5e édition.

 

Monaco, destination de choix pour l’industrie

Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M. et Claudia Batthyany, chef de projet « Monaco, Capital of Advanced Yachting », ont débuté le rendez-vous, évoquant tour à tour les nombreux atouts qu’incarne Monaco aux yeux des professionnels du Yachting. Légitimité maritime, situation géographique hors pair, destination touristique aux avantages multiples répondant aux attentes des plaisanciers et armateurs sont, entre autres, les qualités qui appuient la démarche « Monaco, Capitale du Yachting » initiée en 2012 par le Y.C.M. afin de sensibiliser les acteurs locaux. Cette vision a récemment opéré un virage à l’international pour devenir une marque ombrelle collective baptisée « Monaco, Capital of Advanced Yachting ». L’ambition étant de souligner la place de leader qu’occupe la Principauté sur le marché de la grande plaisance.

 

Quel impact du conflit russo-ukrainien sur l’industrie ?

Six intervenants ont ainsi évoqué l’impact du conflit sur les chiffres de la saison dont Merijn de Waard, fondateur et directeur de SuperYachtTimes.com, Mario Gornati, CMO d’Azimut-Benetti group et Anthony Buneta, Business Development à la Société Générale. Malgré un ralentissement avec la guerre en Ukraine « il existe toujours un énorme appétit pour le yachting » précise Raphaël Sauleau CEO de Fraser Yachts. Un postulat qui se veut rassurant même au regard de la situation des yachts non-assurés et ceux qui risquent de ne plus l’être. Une interrogation qui occupe désormais les esprits concède Michelle Van der Merwe, Superyacht Account Manager pour Pantaenius, « tout dépend où sont les yachts. Parfois, il se peut qu’ils doivent payer un supplément en termes de couverture assurance. »

Que deviennent les yachts appartenant à des Russes ? Pour Edouard Mousny, Partner chez Gordon S. Blair, « nous n’avons pas de réclamations à faire contre ces propriétaires. C’est une mesure de politique extérieure générale qui concerne certains individus sans que l’on dise que ce sont des criminels ou responsables », et d’ajouter : « dans les faits, on empêche le propriétaire d’utiliser son bateau mais il y a d’autres vrais sujets notamment qui paye et pour quoi ? En ce qui nous concerne, en droit européen, cela soulève plusieurs interrogations, celle de la propriété ou encore celle de l’absence de responsabilité juridique objective de la personne concernée. »

 

 

Comment l’industrie gère l’après-covid ?

Si la situation internationale s’est invitée dans les débats, celle concernant l’après-covid et notamment de quelle manière la pandémie a-t-elle influencé ou changé les opérations a occupé une partie des échanges de ce 5e Spring Pop Up. « Avant le Covid 19, nous travaillions de l’extérieur. Depuis, nous nous sommes organisés pour travailler à distance. De toute façon, nous avons été obligés de nous adapter car les clients attendent de nous des réponses rapides à n’importe quel moment » explique Nicolas Mior, Head of JH Yachting.

« On y a fait face et on commence à sortir de cette période » note quant à lui Franc Jansen, Founder & Director – JMS Yachting. L’industrie a fait face à la crise en faisant appel à de gros ajustements et à une capacité d’adaptation redoutable « nous avons donné la priorité aux entretiens à distance, en vidéo, via zoom, par téléphone (…) » reconnait Edouard de Maillé – Director – Edmar International, « cela a été le plus gros changement. Nous avons aussi dû recruter en local alors qu’avant, nous faisions appel à des profils venant des quatre coins du monde. Il a fallu changer d’approche. »

Un mal pour un bien pour les panelistes en témoigne Andrea Pitacco – YM Client Relations Manager – Fraser Yachts « nous avons mis en place le télétravail. Résultats ? Nous perdons beaucoup moins de temps dans les trajets et voyage. Nous sommes donc plus réactifs et cela est plutôt positif il faut reconnaître. »

Si la pandémie a cassé les codes du travail, l’obligeant à se réinventer, elle a aussi eu des conséquences de taille notamment en termes de prise en charge et d’assurance selon Nicolas Mior. « Le nombre d’indemnisations a explosé. Lors de la première vague, les équipages étaient en arrêt maladie pendant plusieurs mois. Durant la deuxième, c’était pendant plusieurs semaines et maintenant ce n’est plus qu’une question de jours. Néanmoins, le Covid a forcé les propriétaires à rester plus longtemps à bord, ce qui a eu pour effet de mobiliser plus longtemps les équipages et augmenté aussi le nombre d’accident à bord. »

 

 

La Turquie, occupe les parts de marché

C’est sur une note optimiste que s’est conclue le rendez-vous avec un état des lieux des statistiques de l’industrie. 3e du cahier de commande mondial avec 678 yachts commandés, la Turquie occupe désormais le terrain du côté des acheteurs. Juste derrière, Taiwan colle au wagon de tête avec 617 yachts en commande pour une longueur moyenne de 28,1 m. Selon Patrik Vonsydow – CEO – Turquoise yachts, le boom des commandes en Turquie n’est pas une situation soudaine « la Turquie a souvent eu une place prépondérante dans le domaine maritime, pendant des siècles même. Fait notable, la Turquie possède un système de santé extrêmement performant donc nous avons su faire face à ces deux dernières années et à ses nombreux défis. »

 

David Legrand et Alain Auvare – brokers chez Fraser Yachts adhérent au propos en précisant que « au départ le prix était le critère de sélection de l’armateur afin de travailler avec un chantier turc, désormais la qualité et l’expérience font partie de l’attractivité du chantier turc et c’est devenu la raison pour laquelle 70% des clients américains choisissent désormais ce pays pour y faire construire leurs unités de 25 à 50 mètres. »

La Pologne est-elle aussi devenue une référence dans le secteur dans le marché européen avec des professionnels qui se réinventent et propose des offres ultra-compétitives. Artur Poloczanski – PR Manager – Sunreef Yachts « notre compagnie a été conçue par quelqu’un qui ne venait pas du monde maritime ce qui a apporté une tout autre perspective et c’est en cela que nous nous démarquons. La Pologne devient une destination où il est possible de créer des unités de qualité. On est de plus en plus axé sur des yachts écoresponsables. On veut soutenir l’innovation dans la construction. »

 

Espen Oeino – CEO – Espen Oeino International – complète en précisant que « le futur du yachting s’axe sur les catamarans plus éco-responsables, car ils permettent des économies notables en énergies, plus d’espace pour les panneaux solaires et des sensations totalement différentes de navigation, d’où une nécessité des marinas de s’adapter rapidement à cet essor de type d’unité. »

Pour conclure tous s’accordent à préciser que la Turquie, la Pologne et l’Australie sont les pays qui se développent le plus rapidement, à travers d’autres services très appréciés par les armateurs, comme la restauration et le cadre de vie en dehors du chantier.

Les professionnels et les armateurs se donnent d’ores et déjà rendez-vous le 27 juin à l’occasion de la deuxième édition de la conférence sur la nouvelle génération d’armateurs qui sera organisée au Yacht Club de Monaco en collaboration avec l’International University of Monaco.