11e Monaco Energy Boat Challenge:
Un laboratoire d’innovations pour propulser le progrès technologique
Record de vitesse, de participation des équipes, mais aussi des acteurs de l’industrie… le 11e Monaco Energy Boat Challenge organisé par le Yacht Club de Monaco s’impose comme le haut lieu des propulsions alternatives dans le Yachting. Avec 40 universités en lice, 700 étudiants impliqués durant l’année dont 450 présents sur site, 25 nations, plus de 50 unités en mer… cette édition s’est une nouvelle fois démarquée en tant qu’évènement zéro émission en termes de mobilité. Un évènement cher à S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, président du Y.C.M. qui après avoir rencontré toutes les équipes, a donné le départ de la course du championnat le dernier jour. « Cette semaine est un succès populaire comme en témoigne le nombre de visiteurs venus découvrir les innovations. Un engouement qui fait écho à celui qui animait la Principauté au début du siècle dernier à l’occasion des premiers rassemblements de canots automobiles » précise Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M. Soutenu par la Fondation Prince Albert II de Monaco, UBS, BMW et SBM Offshore, l’événement séduit des acteurs de renom du yachting tels que Monaco Marine, Oceanco, Ferretti Group, Azimut/Benetti Group, Sanlorenzo ou encore Lürssen.
Open Source et esprit d’équipe
À terre, les échanges se sont enchaînés. Le Job Forum a comptabilisé cette année un total de 90 entretiens entre les jeunes ingénieurs et les professionnels, sans oublier les Tech Talks quotidiens organisés en Open Source. Le Corporate Mentoring Programme a favorisé l’accompagnement sur mesure des équipes par les professionnels tout au long de l’année, à l’image des Français d’Hydrogadz et ENSTA Paris avec Monaco Marine University, ou de Sanlorenzo Group soutenant Elettra UniGe (Gênes) et UNIBOAT (Bologne), deux des cinq équipes italiennes participantes.
« Ce fut une formidable expérience de vivre cet évènement de l’intérieur. Cela nous a permis de travailler étroitement avec les étudiants, en les soutenant sur le plan technique. Nous leur avons ouvert les portes de nos chantiers, donné accès à nos ateliers, et permis de réaliser des essais en mer, une étape cruciale pour valider leur innovation » précise Tanguy Ducros, CCO Monaco Marine. La solidarité régnait sur les paddocks, avec des collaborations entre les Canadiens d’Exocet, les Britanniques de Cambridge University Riviera Racing, les Italiens d’UniGe, et les Indonésiens d’Hydros Team UI, s’échangeant du matériel. Après avoir rempli 30 bouteilles, soit 6 kilos d’hydrogène, mis à disposition à cinq équipes SBM Offshore n’a pas hésité à fournir des pièces de son ponton autonome à hydrogène vert, telles que des batteries et des connexions de bouteilles à l’équipe de Cambridge
Des progrès sur toute la ligne
Les prouesses technologiques dévoilées sur les paddocks ont fait leur preuve en mer lors des différentes épreuves telles que la parade, les essais en mer, la course en flotte, le YCM E-Boat Rallye, les épreuves d’endurance, de manœuvrabilité ou encore le slalom… et le moins que l’on puisse dire, c’est que le niveau est monté en gamme. Preuve en est avec le record de vitesse pour lequel les bateaux étaient chronométrés sur une distance donnée, inspirée des règles de la course du km de 1904. Sans surprise, la classe Open Sea a mené la flotte de 33 participants, avec un nouveau record pour Goldfish x9 d’Evoy enregistrant des pointes à 56 nœuds et une vitesse moyenne de 48,60 nœuds contre 34,71 nœuds l’année dernière. « Certains pays avaient du mal à l’époque à passer le contrôle technique et aujourd’hui nous les voyons avec une hybridation hydrogène/batterie qu’ils ont faite eux-mêmes et un système d’intelligence artificielle qui permet justement d’optimiser la consommation d’énergie » explique Jérémie Lagarrigue, président du jury international et CEO d’EODev.
Le Comité technique ayant pour mission de vérifier la conformité des prototypes, garantissant ainsi la sécurité en mer, celle-ci était par ailleurs assurée à chaque instant par l’encadrement technique, les bénévoles et les pompiers présents sur site. Les Français de Néréides en Energy Class en ont par exemple fait l’expérience après un incident technique en mer obligeant le pilote à sortir du bateau en moins de 5 secondes. Un moment qui a permis de démontrer la qualité de l’organisation. Les équipes sont en effet en phase de test et si des accidents peuvent arriver, ils sont parfaitement maîtrisés.
Annonces et nouveautés
La catégorie Open Sea a donné le coup d’envoi des festivités avec le YCM E-Boat Rallye, rassemblant une quinzaine d’unités, dont El Iseo, le premier Riva 100% électrique conçu par Ferretti Group et Deep Silence de Sialia Yachts, l’une des plus grandes unités à propulsion principale électrique commercialisée. Madblue marine P-01 et Inocel-Poséidon, propulsés à l’hydrogène, ont été avitaillés par Natpower aux côtés de Cambridge University Riviera Racing en Energy Class, en trente minutes seulement. « Poséidon possède une pile à combustible que l’on a développé et que l’on va industrialiser. L’idée est de développer la technologie et de montrer aux étudiants du Monaco Energy Boat Challenge que l’idée peut devenir une réalité, pour moi voici le vrai changement » note l’explorateur Mike Horn, co-fondateur de Inocel. Les unités ont pu s’amarrer au E-Dock dont une dizaine de bateaux Vita et Evoy. Le rendez-vous, en véritable plateforme de networking, a permis à ces deux sociétés d’annoncer leur collaboration, devenant le leader européen de la propulsion marine électrique haute puissance, en inboard et outboard, un an seulement après leur première rencontre au Y.C.M.
Carburants alternatifs : quel avenir ?
Intitulée « Carburants alternatifs et les technologies de pointe dans le domaine du yachting », la conférence de l’évènement a exploré l’avenir durable du secteur, en mettant en avant les carburants alternatifs comme le méthanol, prometteur en raison de sa facilité de stockage. « Plusieurs critères sont pertinents pour les carburants alternatifs, tels que la densité énergétique, la sécurité, la maniabilité, etc. » note Bernhard Urban, responsable du développement et de l’innovation chez Lürssen. « Nous avons besoin de chantiers navals, de partenaires techniques, mais aussi de la confiance des propriétaires de yachts et des équipages, de la disponibilité des carburants dans les ports et de la rapidité des autorités à définir les réglementations », a ajouté Paolo Bertetti, vice-président technique et R&D de Sanlorenzo. La question des réacteurs nucléaires à bord des yachts a également occupé les débats, bien que l’idée, pertinente sur le plan technique, voire réglementaire, souffre d’autres défis à relever, en particulier sur la propriété des réacteurs et du combustible, sans parler de son coût. En parallèle, le SEA Index® a présenté une nouvelle méthodologie de calcul des émissions de CO2, adaptable aux biocarburants, en partenariat avec RINA, visant à mieux évaluer l’impact environnemental du choix des carburants.
Voir le replay : https://www.youtube.com/watch?v=zIc2NCqcNl0
Hydrogène, un pari d’avenir
Dix équipes ont relevé le défi de l’hydrogène, l’une des propulsions mises à l’honneur à l’occasion de la 5e Table Ronde Hydrogène organisée par la Fondation Prince Albert II de Monaco, la Mission pour la Transition Énergétique et le Y.C.M.
Dans le secteur maritime, le principal facteur de ralentissement du développement de cette solution est le manque d’hydrogène vert ainsi que, surtout, les problèmes d’infrastructures d’avitaillement, qu’il s’agisse de considérer la technologie des piles à combustible ou celle des moteurs thermiques à combustion hydrogène, une proposition qui apparaît de plus en plus pertinente, en particulier pour le rétrofit d’unités existantes.
Voir le replay : https://www.youtube.com/watch?v=ORRKdP_XhFQ
L’intelligence artificielle s’invite à la fête
L’IA a fait son entrée dans cette édition avec plusieurs équipes, comme les Indiens de Sea Sakthi et leur système de navigation. Leur technologie prend en compte les obstacles pour recalculer automatiquement la route la plus rapide. L’équipe s’est aussi associée avec une société indienne pour développer une bague connectée, portée par le pilote, qui transmets en temps réel les données sur son état de santé.
La prochaine édition permettra à chaque équipe d’intégrer de l’IA dans son projet pour concourir dans une catégorie dédiée. « De l’intelligence artificielle au recyclage, en passant par le mariage de technologies avancées et de solutions plus simples, les nombreuses propositions ont captivé le jury » explique Alejandro Velez, Directeur Général de UBS (Monaco) S.A., qui leur a remis le prix de l’innovation.
Sea Sakthi remporte également le prix de communication et du design : « Le mélange des matériaux utilisés, les inspirations du projet combinées à l’interface humaine et leur dévouement ont suscité un vote incontestable de la part des membres » conclut Gilles Vernhet Directeur de la conception des yachts chez Oceanco.
And the winners are…
Le titre de Champion du Monaco Energy Boat Challenge 2024 a été décerné aux Grecs de Oceanos – NTUA. Ce prix récompense l’équipe qui a démontré ses qualités techniques lors des Tech Talks ainsi que ses performances en mer lors des épreuves nautiques.
Les Italiens de Physis (Politecnico Milano) ont reçu quant à eux le très convoité « Prince Albert II of Monaco Foundation Sustainable Yachting Technology Award » doté de 25 000€. Lancé cette année, ce prix récompense la meilleure solution technologique en termes d’efficience énergétique et/ou de réduction des émissions de carbone. Le vainqueur pourra présenter les avancées de son projet au Monaco Energy Boat Challenge dès 2025, pour une période de 3 ans. « La Fondation Prince Albert II de Monaco est honorée de remettre ce prix à Physis (Politecnico Milano), en reconnaissance de sa technologie innovante qui améliore l’efficacité des piles à combustible. En soutenant des solutions évolutives et prêtes à être commercialisées, la Fondation prend des risques calculés pour faire progresser de manière significative l’avenir durable de l’industrie du yachting », explique Olivier Wenden, Vice-Président et Administrateur Délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco.
Les concurrents ont par ailleurs déjà le regard tourné vers la 12e édition qui se déroulera du 2 au 5 juillet 2025.
Palmarès 2024 du 11e Monaco Energy Boat Challenge
2024 MEBC Champion : Oceanos – NTUA
Vainqueur Energy Class : Oceanos – NTUA
Vainqueur Solar Class : Sunflare Solar Team
Prix de la Fondation Prince Albert II de Monaco -> Physis – Politecnico Milano (Italie) / Energy Class
Prix de l’innovation -> Sea Sakthi (Inde) / Energy Class
Prix du design -> Sea Sakthi (Inde) / Energy Class
Prix de la communication -> Sea Sakthi (Inde) / Energy Class
Prix de l’éco-conception -> TSB Energy Portugal / Energy Class
Prix Coup de cœur du Jury -> Poseidon – INOCEL (France) / Open Sea Class
Mention du jury pour le projet le plus facile à mettre en œuvre -> UniBoat / Energy Class
Prix Spécial -> Condor – (Chili) ; Exocet – (Canada) / Energy Class
Encouragement du Jury -> Néréides – UTT Marine (France) / Energy Class
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