The Ocean Race | Mercredi 25 janvier 2023.

 

Les cinq équipages IMOCA engagées sur The Ocean Race sont partis aujourd’hui à 18h10 pour une deuxième étape en direction du Cap en Afrique du Sud. Après les conditions brutales rencontrées après le départ d’Alicante, place à la patience et la finesse avec des conditions de vent inhabituellement faibles au départ de cette deuxième étape. Les équipages peuvent en effet s’attendre à des choix stratégiques difficiles.

Sur le papier, cette seconde étape représente plus de 4 000 milles nautiques ente le Cap Vert et Le Cap mais celle-ci pourrait s’avérer être bien plus longue en raison d’une météo annoncée délicate des alizés de nord-est à la traversée du Pot au Noir (zone de convergence intertropicale), avant une longue négociation de l’anticyclone de Sainte-Hélène.

Christian Dumard, consultant météo de la course, explique qu’après un départ dans un vent faible, les stratèges devront rapidement choisir entre une trajectoire sud à travers l’archipel cap-verdien ou une route ouest pour s’extraire du dévent des îles.
La manière dont les équipages aborderont cette première décision aura une incidence sur l’endroit où ils traverseront ensuite le Pot au Noir. « S’ils veulent le traverser par l’ouest, ils doivent faire de l’ouest dès le départ », annonce-t-il. Selon lui, ils n’auront pas besoin de pointer non plus trop vers la cote brésilienne et Recife puisque le passage du Pot au Noir pourrait être relativement rapide, au niveau de la longitude 28 ouest.

 

 

« Les équipages pourraient rester bloqués pendant quelques heures dans le Pot au Noir mais probablement pas longtemps. Deux ou trois jours après le départ, ils feront principalement cap au sud avant de passer sous l’anticyclone de Sainte-Hélène. Avec un peu de chance, celui-ci se déplacera dans l’est, de sorte qu’ils pourraient faire une route certes longue mais pas la plus longue jamais vu non plus. » Toutefois, Christian Dumard prévient que si, en revanche, le centre de l’anticyclone se déplace lentement vers le sud au fur et à mesure de l’étape, les choses pourraient alors se compliquer … « C’est complexe et cette étape ne sera vraiment jamais jouée avant l’arrivée. Si l’anticyclone descend, cela pourrait tourner comme nous l’avions vu sur la Brest Atlantique en 2019, lorsque les maxi trimarans étaient restés coincés dans les hautes pressions avant Cape Town », déclare-t-il.

Cette étape va donc être tactique pour les régleurs et les spécialistes des navigations dans les petits airs. Chacun devra donc tracer son chemin à travers de grandes zones de vents légers et changeants.

Par ailleurs, deux skippers ont fait le choix de laisser leur place avant d’attaquer la très longue troisième étape entre Cape Town et Itajaí dont Boris Herrmann qui est remplacé par Yann Eliès. Will Harris endosse le rôle de skipper sur ce temps fort de l’épreuve.

En effet, l’équipe allemande révélait dimanche dernier que Boris s’était gravement brûlé le pied dans les dernières heures de la première étape. « J’ai la chance de faire partie d’une équipe qui a très bien géré la première étape », explique Yann Eliès. « La situation s’annonce délicate pour descendre vers le pot au noir » décrit Will Harris. « La première partie de la course va être très tactique. Lorsque nous serons plus avancés dans la course, nous aurons peut-être la possibilité de revenir en arrière, en fonction de ce que l’Atlantique Sud nous réserve ».

Il est aussi frappant d’observer la confiance que Boris Herrmann et son Team Malizia retirent de leur troisième place dans la première étape. Personne dans cette équipe ne cachait sa nervosité à propos de la vitesse du bateau avant de quitter Alicante, mais l’humeur est définitivement plus optimiste.

« Boris n’avait pas été aussi heureux depuis longtemps parce que le bateau va très bien et que l’équipe travaille magnifiquement », nous confie Holly Cova, team manager du projet. « Il est revenu de la première étape, très satisfait, malgré sa blessure. Il disait que ‘cela ne pourrait pas aller mieux’. Il n’a jamais eu autant confiance dans le bateau et dans l’équipe », ajoute-t-elle.

© Jimmy Horel /  ©Sailing Energy / The Ocean Race