9e Vendée Globe

Mardi 17 novembre 2020- La première semaine de course de ce 9e Vendée Globe a été très difficile et mouvementée pour les 33 marins qui ont notamment dû affronter trois dépressions dont la tempête tropicale Thêta. La flotte, menée par Alex Thomson (Hugo Boss), s’étire désormais sur plus de 1500 milles nautiques. Les premiers progressent sous un alizé de nord-est, avec des vitesses de navigation qui régaleraient plus d’un marin. Ils devraient par ailleurs franchir l’équateur mercredi dans la journée.

 

© Jean-Marie Liot

On dirait le Sud

Température de l’air de 27°, idem pour celle de l’eau, des alizés de 15 nœuds en moyenne… l’atmosphère fleure bon le Sud, de quoi mettre du baume au cœur « je me sens vraiment bien. J’ai trouvé le rythme depuis deux jours et évacué le stress du départ. Je suis prêt à attaquer le Pot-au-Noir dès ce soir » confiait Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco) ce matin alors qu’il se trouvait au large de la Guinée-Bissau.
A près de 300 milles nautiques du leader et avec une 7e position enregistrée au pointage de mardi 15h00 (heure française), le navigateur allemand a de quoi se sentir optimiste.

« Je suis très content de cette place, de jouer le top 10 et de rester au contact de concurrents très expérimentés qui naviguent sur des bateaux qui ne sont pas de dernière génération. Il y a la régate dans la régate lorsque l’on observe les trois premiers qui sont un cran au-dessus, et nous juste après. Mais tout est possible. »

Prochaine étape pour le marin de 39 ans, le Pot-au-Noir, une zone de convergence intertropicale, qui s’étend de la pointe du Brésil aux côtes africaines sur quelques centaines de kilomètres du nord au sud. Les flux des deux hémisphères s’y rencontrent et donnent souvent du fil à retordre aux marins tant les conditions y sont instables « il n’a pas l’air trop méchant cette année. Je me positionne pour le moment du bon côté et l’idée est de descendre plein sud en faisant fonctionner le bateau le plus rapidement possible » notait le skipper allemand.

A l’avant de la course, le jeu des chaises musicales se poursuit. Le Gallois Alex Thomson (Hugo Boss) conserve farouchement sa première place et s’offre même le luxe de creuser l’écart. Dans son sillage, la bagarre fait rage. Jean Le Cam (Yes We Cam), surnommé par ses amis marins « le Roi Jean », a en effet été détrôné de sa deuxième place par Thomas Ruyant (LinkedOut). Avec un bateau dénué de foils, le doyen de la course en a surpris plus d’un, gardant le rythme dans le trio de tête.

 

Un Vendée Globe intraitable

Chaque Vendée Globe se démarque de l’édition précédente. Ce 9e cru fait dans l’inédit à bien des égards, notamment avec son nombre record de participants. Avec 33 bateaux au départ dont la présence de 6 femmes, la course revêt des allures de grande première. Et comme chacun le sait, le Vendée Globe, épreuve en solitaire, sans escale et sans assistance, déjoue tous les pronostics. La casse n’a ainsi épargné personne : du favori Jérémie Beyou (Charal) contraint de rejoindre les Sables-d’Olonne qu’il avait quittés 4 jours plus tôt pour cause d’avarie de safran, à Nicolas Troussel (Corum l’Epargne), 4e au classement lorsque son mât a décidé de flancher. Même déception pour Maxime Sorel (V&B Mayenne) qui a tapé un OFNI dans la nuit de dimanche à lundi.

Le Vendée Globe a cette particularité : transformer les rêves en réalité ou les briser avant même le passage du Cap Vert. Des situations qui ne manquent pas de toucher les concurrents « c’est très dur, ça brise le cœur de voir ça. Tous les skippers leur ont envoyé des messages WhatsApp à l’annonce de ces mauvaises nouvelles » expliquait Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco), « on sait pertinemment ce que le Vendée Globe demande comme préparation, engagement, investissement. En revanche quand je vois que Jérémie a trouvé le courage de repartir en course, je trouve que c’est un signal très fort, un symbole de résilience exceptionnelle ».

 

© AndreasLindlahr

L’environnement au quotidien

Barré par un marin engagé, la particularité de Seaexplorer-Yacht Club de Monaco est certainement son laboratoire fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Celui-ci permet de récolter des données océanographiques afin de les transmettre aux scientifiques des programmes de l’Institut Max-Planck de météorologie à Hambourg, de Géomar à Kiel et de l’Ifremer à Brest. Une mission à laquelle Boris Herrmann est très attaché « la bonne chose, c’est que tout ceci est complètement automatisé. Une fois par jour, je regarde que les paramètres fonctionnent bien. Je prends aussi un peu d’eau une fois par semaine pour vérifier la calibration de la salinité de l’eau. Aujourd’hui ou demain, je vais déployer un flotteur Argos, qui peut plonger et rester cinq ans en mer. » Ce dispositif permet de mesurer la température et la salinité de l’eau en surface et jusqu’à 2000 mètres de profondeur afin d’aider les scientifiques du monde entier à comprendre le changement climatique et l’impact sur l’océan. Un changement auquel Boris assiste depuis son départ « il y a un tapis d’algues sargasses sur la mer ce qui rend impossible l’utilisation de mes hydrogénérateurs. Je n’avais jamais vu ça. »

 

 


Le Vendée Globe en Principauté

Avec un IMOCA représentant officiellement les couleurs de la Principauté, le Yacht Club de Monaco ne manque pas une miette de l’aventure. Tous les mercredis à 17h00, le club se met à l’heure du Vendée Globe. Des moments privilégiés où se succèdent des intervenants de qualité à l’image du routeur et météorologue professionnel Christian Dumard qui prendra la parole demain 18 novembre. Cartes météos, placement dans la flotte, phénomènes rencontrés, vie à bord (…) et bien sûr, suivi de la progression de Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco) composent le programme. Un moment très apprécié des membres et des régatiers de la Section Sportive qui s’affrontent en ligne sur Virtual Regatta.

Le Y.C.M organise également « Qui sera le vainqueur du Vendée Globe ? », un jeu concours ouvert à tous permettant aux participants de réaliser des pronostics dans le classement de cette 9e édition. Plus que quelques jours pour jouer sur le site www.ycm.org (réponses attendues avant le 20 novembre 2020).