9e Vendée Globe

Mardi 5 janvier 2021. Emmené par Yannick Bestaven (Maître CoQ IV), leader d’une course haletante, le groupe de tête a laissé derrière lui les Cinquantièmes hurlants et les conditions qui vont avec, en empruntant le détroit de Drake, symbolisé par le mythique cap Horn, situé dans la partie chilienne de l’archipel de la Terre de Feu. Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) fut donc le premier à le passer, samedi 2 janvier, en début d’après-midi, avec cinq jours de retard sur le record établi par Armel Le Cléac’h (74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes) lors de la précédente édition, il y a quatre ans.

Le skipper de Maître Coq IV, a ouvert la voie, poursuivi par dix concurrents qui, le couteau entre les dents, font tout pour lui coller au train dont Charlie Dalin (Apivia). Le dauphin de la course est devenu officiellement cap-hornier dimanche au petit matin suivi de Thomas Ruyant (LinkedOut) et de Damien Seguin (Groupe Apicil) qui se livrent toujours une âpre bataille pour la troisième place. Se sont ensuite succédés leurs poursuivants réunis dans un groupe compact, dont Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco).

 

C’est en 10e position, ce mardi 5 janvier dans la nuit, à 3h27 (heure française) que Boris s’est offert son 5e Horn, son premier en solitaire. Un passage très mouvementé pour le marin allemand dans 35 noeuds de vent, forcissant à 40, avec en prime un atelier couture pour réparer une déchirure dans sa grand-voile.
« Chaque passage est différent, et celui-ci fut également très intense tant physiquement que mentalement. Dans une mer très formée, j’ai pu commencer la réparation, mais je dois encore attendre que les patches collés sèchent avant de pouvoir recoudre. J’ai d’ailleurs dû faire route un peu plus au sud pour pouvoir réaliser cette réparation. Cette attente était très frustrante et a un peu gâché ce moment tant attendu du passage du Horn, même si l’émotion était bien là. Mais cette épreuve me donne encore plus la détermination de rattraper ce retard. Je suis content de laisser derrière moi le Pacifique ».

 

Cette étape est extrêmement symbolique pour les concurrents qui ont actuellement réalisé deux tiers de cette course en solitaire, sans escale et sans assistance. Cette édition est à marquer d’une pierre blanche puisque c’est bien la première fois qu’autant de concurrents auront passé le cap Horn en si peu de temps : 9 en un peu plus de 24h00.

Mais le Sud aura mis à l’épreuve l’ensemble de la flotte, aussi bien à sa tête qu’en queue de peloton. Bien qu’aguerris et habitués au mauvais temps, ils se souviendront longtemps des conditions exécrables rencontrées au fin fond de l’océan Austral : mer démentielle et croisée dans tous les sens.

 

Le cap Dur porte bien son nom

« C’est un cap, c’est un roc, c’est une péninsule… » c’est surtout un véritable défi. Le passage du cap Horn n’est pas une mince affaire. Cette falaise de 425 m d’altitude située à l’extrême sud du continent américain est très souvent synonyme de conditions dantesques. C’est aussi et surtout la première terre que les marins voient depuis leur départ après plus d’un mois et demi de navigation. Son passage est vécu comme une délivrance pour beaucoup, même si rien n’est encore joué.

 

Il a néanmoins fallu faire preuve d’audace et avoir du nez tant les derniers milles séparant les concurrents du cap Horn ont été mouvementés. Vents forts, mer déchaînée, froid mordant, toutes les conditions étaient réunies pour donner une touche dramaturgique à la scène. Les deux premiers concurrents ont en effet goûté une énième fois à un coup de vent soutenu avec des rafales à 60 noeuds. Thomas Ruyant (LinkeOut) et Damien Seguin (Groupe Apicil) ont eux aussi encaissé des conditions instables de 20 à 30 noeuds. A l’arrière, le groupe des poursuivants emmené par Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family) progressait à 15/18 noeuds de moyenne dans un flux de Nord-Ouest pour passer dans le sud du dernier grand cap de ce tour du monde.

 

But ultime des skippers, arriver à ce stade de la course avec un bateau entier, sans grosse avarie à l’image de Boris Herrmann sur son Seaexplorer-Yacht Club de Monaco. Le skipper allemand a souhaité ménager sa monture. « Depuis le départ de la course, j’ai fait le choix de freiner parfois le bateau afin de le préserver et d’éviter la casse. » Une tactique qui a payé pour le marin qui attaque la dernière partie de la course prêt à déployer tout le potentiel de ses foils.

Boris va désormais débuter sa remontée de l’Atlantique, en direction des Sables-d’Olonne, où il a pris le départ le 8 novembre dernier. Sa prochaine décision difficile sera de déterminer s’il faut passer par les eaux plus calmes du détroit de Le Maire (entre la Patagonie et l’île de Staten) ou partir en pleine mer, en laissant les îles Malouines à bâbord. La prochaine étape déterminera sa stratégie pour faire face aux systèmes météorologiques complexes et très actifs au large de l’Argentine.

Nouvelle année et nouveau rendez-vous

Le Yacht Club de Monaco organise le premier point Vendée Globe mercredi 6 janvier au sein de la Meeting Room. Un rendez-vous auquel Boris Herrmann participera à distance afin de nous parler de sa course et évoquer les derniers jours de navigation. Philippe Guigné, créateur de Virtual Regatta sera également de la partie afin de faire le point sur les coulisses d’un jeu qui rassemble près d’un million de joueurs sur cette édition du Vendée Globe.