Y.C.M. – Dîner-Conférence – Saskia Clark et Alexander Ehlen | 12 mai 2023
Vendredi 12 mai 2023. Dans le cadre de son cycle de conférences maritimes, le Yacht Club de Monaco a convié ses membres ainsi que les régatiers de la Section Sportive à une soirée exceptionnelle mettant à l’honneur Saskia Clark, championne olympique de 470 et Alexander Ehlen, jeune kitesurfeur monégasque qui vise une qualification aux Jeux Olympiques de 2024. Les invités ont ainsi pu écouter tour à tour le parcours unique des deux intervenants, tous deux membres du Y.C.M.
Des échecs pour un succès en or
Du Dabchicks Sailing Club situé à l’est de Londres où elle a commencé à tirer ses premiers bords en Optimist, à sa médaille d’or aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, Saskia Clark a connu un parcours où les échecs ont façonné son succès. Ses débuts, à l’âge de 8 ans, sont chaotiques « je détestais cela, je pleurais, je ne voulais pas aller sur l’eau. Puis j’ai commencé à y prendre goût surtout lorsque je savais qu’après chaque navigation je pouvais manger un donut que le club vendait. » Puis en 1992, elle regarde les JO de Barcelone avec ses yeux d’enfant. Un moment qui restera gravé dans sa mémoire et qui l’ont suivi pas à pas, d’abord en Optimist puis en Laser Radial. A 18 ans, les questions se bousculent dans sa tête « je ne savais pas si j’allais faire carrière dans la voile. Il me fallait un plan B dont je suis allée à l’université avant de commencer à travailler. Mon patron était un voileux et m’a encouragé à remonter sur un bateau. Je me suis alors tournée vers le 470. »
Des hauts et des bas
Les régates s’enchaînent, tous comme les résultats qui tantôt sont prometteurs, tantôt sont décourageants « Les Jeux de Pékin ont été les plus éprouvants. La pression était énorme. Les conditions de vent étaient très lights donc il fallait que je sois la plus légère possible. J’étais donc au régime. C’est ajouté à tout cela une très mauvaise communication. » Car la discipline exige d’elle qu’elle prenne ou perde des kilos en fonction des plans d’eau, des fluctuations pouvant aller jusqu’à 10 kilos.
Saskia s’associe à trois barreuses différentes durant sa carrière et c’est aux côtés de Hannah Mills qu’elle se lance dans une deuxième campagne olympique, à Londres, sous les yeux d’un public déjà conquis. « Nous avons atteint la Medal Race. Durant les deux premières minutes de cette dernière manche décisive, nous menions les débats et puis tout a basculé. Nous avons continué à naviguer sachant que nous perdions l’or. C’était éprouvant mais c’est à ce moment précis que nous avons décidé de mettre toute notre énergie pour Rio. »
C’est donc en argent que Saskia et Hannah sont honorées, chez elles, devant leur public. Pas assez pour les deux sportives qui ont élaboré un programme spectaculaire pour le Brésil. Un travail acharné qui n’a laissé place à aucune incertitude concernant leur ambition. Elles repartent finalement avec de l’or autour du cou « entendre votre hymne national et monter sur la première marche du podium olympique est juste la plus belle expérience. Je revoyais les JO de Barcelone et ces athlètes que j’idolâtrais. Ça y est, j’y étais moi aussi. »
Tout à écrire
Même passion pour la mer mais support différent avec le jeune Alexander Ehlen qui est revenu sur son parcours au sein du Y.C.M. dont il est un pur produit. « J’ai commencé en J/24 à l’époque puis en Laser Pico avant de basculer en J/70 puis en catamaran. » C’est à l’occasion d’un stage que lui offre sa mère qu’il découvre le kite. « J’aime le sentiment de liberté que procure ce sport ! Utiliser la puissance du vent et être super rapide sur l’eau. On a des moyennes de 20 à 30 nœuds avec des pointes à 40 nœuds de vitesse » évoque celui qui a débuté la discipline à 16 ans. « Après seulement deux semaines de kite, je faisais déjà me première compétition. » Alexander a gravi les étapes les unes après les autres pour arriver au haut-niveau et après 7 années seulement de pratique de kitefoiling, le voilà devenu un champion à part.
Sans relâche
Plongé dans une préparation toute particulière en vue de décrocher une qualification aux Jeux Olympiques de Paris 2024, Alexander a fait le choix de partager son temps entre la Principauté et Hyères. « Je suis parti m’installer à Hyères au lycée et je me rappelle, je faisais tout en vélo. Je partais en entraînement en vélo, tractant une petite remorque avec mon ail et mon kite. »
Le baccalauréat en poche, Alex décide d’assurer les arrières en passant son diplôme de moniteur de kite « on ne sait jamais de quoi la vie d’un athlète peut être faite. » Lucide, le jeune kitesurfeur n’en est pas moins pris de doutes « je ne savais pas à ce moment-là si je voulais continuer ou arrêter. Et puis j’ai rencontré Max Albarel, mon coach et petit à petit, ma gnaque est revenue. » Depuis, des régates se sont cumulées et surtout l’annonce a été faite : celle de l’arrivée du Kite dans le club très select des disciplines olympiques. Le jeune Monégasque met depuis tout en œuvre pour donner des ailes à ses rêves. « Je rêve d’une qualification puis d’une médaille et en Or si possible. Je fais tout pour. »
Aujourd’hui, l’objectif principal se compte en mois à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024. C’est sur le plan d’eau marseillais que se dérouleront les épreuves de voile. Mais pour pouvoir s’aligner au départ du rendez-vous qui peut changer une carrière, Alexander va devoir décrocher sa place. Après une très belle 6e place à la dernière Semaine Olympique Française, le Monégasque va enchaîner les échéances dont la prochaine se déroulera à La Haye aux Pays-Bas « il va falloir que je prenne les épreuves les unes après les autres et que je reste focalisé sur mon objectif principal. Objectivement, je sais que j’ai les moyens de me qualifier. Il faut juste que je continue à naviguer proprement » concède celui qui pourrait bientôt faire briller les couleurs de la Principauté au plus haut-niveau.
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