Sir Ernst – Expédition

Mardi 2 novembre 2021. 4h00 du matin, je me lève… Ça fait déjà un moment que le vent forcit… Il y a 37 nœuds, il est temps d’aller prendre le 3ème ris… Pour réduire la grande voile. On sort les cirés et mettons nos harnais…
Attachés à la ligne de vie, frontale sur la tête, nous suivons notre faisceau lumineux pour nous rendre au pied du mat. Il n’y a pas 10 minutes j’étais encore au lit et me voilà en plein océan, en train de tirer sur la grande voile pour la faire descendre et mouliner pour l’étarquer… Une fois la manœuvre faite, nous retournons au cockpit pour nous sécuriser… Tous les équipiers vont retourner se coucher et je vais faire mon quart.

J’ai gardé la tenue et le harnais, je reste seul à l’extérieur accroché avec ma longe. La nuit est noire. Il y a régulièrement des pointes à 40 nœuds. Le bateau est équilibré. La toile est réduite 3 ris et 2 points dans le génois. Nous sommes grand largue dans cette houle de haute mer. L’océan nous montre son intensité. Je reste très attentif à chaque surf. Le bateau ne part pas au lof. J’ai l’impression de voler sur l’eau. Nous sommes régulièrement à plus de 8 nœuds. Je me cale devant l’ordinateur de la table à carte. Toujours vigilant.

La force du vent s’intensifie, l’anémomètre indique régulièrement force 8 et notre vitesse augmente, une pointe à 9,8 nœuds ! Le pilote tient, le bateau reste stable… Je suis confiant, il ne partira pas au lof, couchant le bateau et envoyant tout valdinguer.

La lumière commence à éclairer la mer autour. Je vois apparaître la houle et les crêtes déferlantes…
Quelques photos, en attendant de me recoucher à la fin de mon quart. Allongé sur le canapé du carré, j’écris mon journal, Yves est de quart à la table à cartes. En face de moi, l’écran indique notre position sur la carte, notre angle de route. Le vent est régulièrement à 38 nœuds. Nous venons de faire une pointe à 10,5 nœuds… sous une pluie battante…

Nous avons 24 heures de vent fort, pour rester devant cette dépression tropicale et pouvoir être bien placés pour descendre vers le sud dans des conditions plus clémentes… Il y a des moments de vie, où il faut rester confiant, accepter et laisser passer la tempête…

C’est moins confortable, qu’une vie citadine, c’est tumultueux. Dans ces moments, on attend que ça passe, en rêvant de moments plus calmes… Pourtant, c’est un moment fort de ce voyage, qui restera gravé… Les sensations et les images sont indescriptibles…

Je sors de la sieste pour prendre mon prochain quart. Il est 16h, les conditions semblent plus calmes. Il y a 25 nœuds. Contraste avec ce matin, tout est plus apaisé…

Charley